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Le blog d'Annaboule

Orientation professionnelle : surpasser l'angoisse

Orientation professionnelle : surpasser l'angoisse

Je peux être heureuse de compter parmi les individus qui ont toujours plus ou moins su ce qu'ils veulent faire dans la vie. En tout cas, j'ai des désirs, des intérêts et des passions. Peut-on concevoir la vie sans ces choses-là ? A mon grand étonnement, j'observe, et sans jugement de valeur, un sacré paquet de gens qui n'ont pas réellement d'objectif dans leur vie. Parfois je me suis posé la question : comment vivre sans objectif ? C'est tout bonnement impensable !

Vétérinaire, chanteuse, actrice, écrivain, professeur de français, conceptrice de jeux vidéos, éleveuse d'animaux de cirque, psychologue, camionneuse, infirmière de guerre, chercheuse en sciences humaines... Je pense avoir envisagé à peu près la moitié des activités existantes, des plus intellectuelles aux plus pragmatiques, depuis ma plus tendre enfance. Le panel des possibilités est si large qu'il serait dommage de s'en priver.

Voilà où se trouve mon problème : ce n'est pas que je n'ai pas d'idées, mais au contraire, j'en ai trop. Alors, quand on rêve à la fois d'une carrière internationale de comédienne, d'un doctorat en archéologie et d'un job de gardien dans un refuge pépère à la montagne, qu'est-ce qu'on fait ? Première option : on est Wonder Woman et on mène tout de front. Aux dernières nouvelles, je ne suis pas Wonder Woman. Il y a donc une deuxième option, c'est de faire un choix. Jusqu'ici, je pense que vous suivez.

Faire un choix, ça implique d'abandonner tout le reste. Elle est là, l'angoisse. Si je poursuis mes études universitaires, j'aurai le bonheur de m'enrichir chaque jour intellectuellement. Mais, c'est sûr, je peux dire adieu au feu des projecteurs et à mon chalet dans les Alpes. Il va donc falloir bien le faire, ce choix, pour ne pas se planter et réaliser dix ans après que ce n'était pas ce que j'aurais préféré. Et puis le secteur de la recherche, ces temps-ci, ce n'est pas la fête. Si je débarque comme une fleur avec mon petit bac+8 pour me retrouver coincée entre les grosses têtes de l'élite et les petits malins qui se sont contentés d'un cursus moins fourni mais garantissant une meilleure insertion, ben là, j'aurai les boules. Oui.

Par ailleurs, décider de tout plaquer et miser mon avenir sur mes prodigieux talents d'artiste, ah, nous y avons tous pensé ! Quelle bonne blague !

Jusqu'ici j'avais toujours une idée précise de ce que je voulais faire de ma vie. Après le bac, c'était facile. Je suis entrée en lettres modernes à l'université parce que le français, c'était mon dada. L'affaire s'est corsée le jour où j'ai découvert qu'il y avait bien plus de disciplines à explorer que celles que l'on apprend au lycée. Je me suis réorientée une fois vers l'archéologie et l'histoire de l'art, qui se séparent dès la deuxième année - je vous ferai grâce du supplice qui a été de devoir choisir entre l'un et l'autre. Aujourd'hui, en deuxième année d'archéologie, le doute me prend. Où je vais ? Vers la recherche ? L'enseignement ? La restauration ? Le journalisme, pourquoi pas ? Encore plus récemment, j'ai jeté un œil aux licences professionnelles de guide-conférencier et de restauration du patrimoine bâti. Et ça, c'est encore autre chose, puisqu'il s'agit de passer très vite dans le monde du travail.

A cet instant, je commence à comprendre les personnes qui n'ont aucune idée de ce qu'elles feront plus tard.

Rien qu'à l'intérieur de ma licence, vous voyez, c'est la plus obscure indécision. J'ai réalisé alors que je me posais la mauvaise question. Ce que je dois savoir, ce n'est pas : qu'est-ce que je veux faire comme métier ? Mais : à quoi je voudrais que ma vie ressemble ? Est-ce que je veux une grande maison avec trois enfants et un poulailler, ou plutôt voyager toute l'année dans mon Tardis à travers l'univers ? Celle-là non plus, ce n'est pas de la tarte. Mais je la trouve, et cela n'engage que moi, davantage pertinente si l'on cherche à être heureux pour de vrai, et déterminante dans de futures décisions d'orientation. De la même façon, je pense que le métier ne doit pas être considéré comme une fin en soi, comme c'est trop souvent le cas, mais un moyen de se rapprocher du mode de vie auquel nous aspirons.

Je ne vous apprends rien en affirmant que nous vivons dans un modèle de société où le travail et le statut professionnel définissent l'individu, et ont bien plus d'importance que le reste. Je dois admettre que moi-même, je me fais avoir. Renoncer à mon doctorat tout pimpant qui me fait coucou de là-bas, en optant soudain pour une voie professionalisante qui me permet de passer plus vite à l'action, c'est difficile après mes beaux discours sur la joie de me remplir la tête et de me faire appeler « docteur Annaboule ». Encore une fois, il faut choisir, toujours choisir, choisir de toute son âme. Long ou court. La tête ou les mains. Le pognon ou le bonheur. La ville ou la campagne. La mobilité ou la sédentarité. Le bureau ou le terrain. Pour toute la vie.

Non seulement on a la pression du fait que notre choix professionnel déterminera notre profil social, mais en plus, c'est un choix de toute notre vie. Le choix à ne surtout pas louper. Le choix crucial et définitif. Le choix que tu ne pourras plus modifier sous peine d'avoir perdu des années entières de ta vie. Bref, l'angoisse.

On a vingt ans. On est un bébé. Et on nous colle déjà l'angoisse. Je vous passerai les redondants « qu'est-ce qu'on peut, madame, savoir à vingt ans ce qu'on veut faire de toute notre vie ? » et j'irai plus loin que ça : qu'est-ce qu'on peut savoir, à n'importe quel moment de sa vie, ce qu'on va devenir par la suite ? Moi, j'ai envie de croire que la reconversion, peu importe à quel âge, ce n'est ni un drame, ni un échec. Au contraire, pourquoi ne serait-ce pas quelque chose de positif ? N'est-ce pas plus enrichissant, quelque part, d'avoir eu au cours de sa vie des expériences variées ? Et puis après tout, qui ne tente rien n'a rien. Qui peut le plus peut le moins. L'arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse. Un tiens vaut mieux que deux tu l'aur... bref, vous m'avez compris.

Je ne veux pas dire que « c'est mieux de varier les plaisirs ». Je ne veux rien dire du tout, si ce n'est que l'orientation, ça ne doit pas être une angoisse insurmontable comme elle l'est pour moi depuis quelques semaines, mais la perspective de mille opportunités qui nous sont offertes. Et je n'ai même pas parlé des freins divers et variés qui peuvent nous séparer de nos aspirations. Arrêtons, dans un premier temps, de considérer que l'on est « fait » pour un domaine d'activités, et pas pour un autre. Cette bestiole n'existe pas. Pour quoi veux-tu être « fait », si ce n'est pour ce que tu veux faire ? Et arrêtons, par la même occasion, d'ériger des vieux murs entre ces mêmes différents domaines. A la Renaissance, on étudiait les lettres et les sciences à la fois ! Oui ! Et si je veux, moi, je vais faire de la géoarchéologie, pour me venger comme il faut du sombre jour où les mathématiques tuèrent dans l’œuf ma potentielle idylle avec les sciences de la terre. N'oublions pas que l'univers est un ensemble de choses intrinsèquement liées les unes aux autres, et que la beauté de la vie se trouve, à mon humble avis, dans la curiosité et la variété. Et n'oublions pas que ce n'est pas notre métier qui définit ce que nous sommes, mais la vie que nous avons choisie. Il n'y a pas que le travail !

Choisissons en se posant les bonnes questions. Ne choisissons pas trop. N'ayons pas peur d'essayer. Et ne soyons pas esclaves des idées farfelues qu'on nous glisse insidieusement dans le crâne.

N'hésitez pas à partager votre avis et vos expériences !

Positivement, Annaboule

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P
C est marrant, je viens du meme groupe que Laurine
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L
J'ai mis plus de 23 ans à trouver ma voie "pro", pourtant, j'ai eu pleins d'idées, qui sont restées des idées. De bergères à enquêtrice, coiffeuse à psychologue... Je regrette sincèrement qu'au collège, lycée, alors qu'on nous harcèle avec notre orientation, on ne nous donne pas les clés pour nous aider à choisir. Comment peut on décider dans quel métier on s'enfermera 40 ans, sans avoir un aperçu des possibilités? <br /> <br /> J'adhère total à ton article du coup :) <br /> Et très juste cette question : "à quoi je voudrais que ma vie ressemble"<br /> <br /> (je viens du groupe zéro déchet/minimaliste)
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A
Très bel artcile, moi non plus je sais pas ce que veux faire de ma vie. Mais ça va, j'ai encore le temps....
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